Les loups et les hommes entretiennent une longue histoire commune, marquée par la peur car il n’est pas douteux que les loups sont des prédateurs polymorphes, s’attaquant au gibier, au cheptel et même parfois aux humains. Pour en rester à une histoire récente, Molinier et Molinier-Meyer relevaient en 1981 que le XIXe et le XXe siècles ont vu une extermination presque complète des loups en France, puisqu’on est passé d’une population de 5000 à 6000 individus à la fin du XVIIIe siècle à une dizaine en 1923, suite à des campagnes de chasse d’une grande efficacité.
Cependant, à partir de 1992, on a assisté à un retour des loups en France, sous la forme de réimplantation de populations par les autorités. Véronique Campion-Vincent nous rappellait en 2002 que cette introduction a rencontré la faveur du public, sauf bien sûr celle des éleveurs. Cette auteure effectue un chiffrage à plus d’un million de francs d’indemnisation pour l’ensemble alpin en 1998 et remarque que la « déprise agricole » laisse des espaces libres pour le prédateur, le problème se compliquant pour les humains si réapparaissent des meutes.
Un rapport récent officiel Plan national d’actions 2018-2023 sur le loup et les activités d’élevage relève que la présence du loup a crû en France depuis 2013 et qu’il concernait, à l’été 2017, 57 zones de présence permanente, dont 52 meutes, les effectifs allant donc en croissant, et s’établissant vraisemblablement dans la fourchette [265 – 402].
« Sur le plan géographique, la présence du loup concernait 515 communes (dont 271 en présence régulière) réparties dans 25 départements fin 2012, à comparer à 846 communes (dont 448 en présence régulière) dans 33 départements, fin 2016. L’indicateur de suivi géographique traduit donc une expansion de l’aire de présence sur la période considérée » (p. 6).
Le texte rappelle les mesures d’encadrement des prélèvements (40 pour 2017-2018) et annonce une série assez précise d’actions et de mesures comme la conditionnalité des indemnisations après attaque, la mise en place de mesures de protections, d’une « filière de qualité » pour les chiens de protection… Le journal Le Monde du 19 février 2018 présente une synthèse expliquant pourquoi « Cet exercice d’équilibriste ne satisfait ni les associations ni les éleveurs, qui le rejettent en bloc » Voir.
Dans les Baronnies, les indices de présence du loup sont certains. Récemment, la Tribune (Nyons, Vaison, Valréas) a consacré (le 22 février 2018) un dossier relativement inquiétant à la question du plan Loup et a relaté une attaque récente de chien de compagnie tout près d’une habitation.
Mais que faire ? Il conviendra de suivre attentivement l’évolution de la situation.
Références
Campion-Vincent, V. (2002). Les réactions au retour du loup en France. Une tentative d’analyse prenant «les rumeurs» au sérieux. Le Monde alpin et rhodanien. Revue régionale d’ethnologie, 30(30), 11‑ 52. https://doi.org/10.3406/mar.2002.1759
Molinier, A., & Molinier-Meyer, N. (1981). Environnement et histoire: Les loups et l’homme en France. Revue d’histoire moderne et contemporaine (1954-), 28(2), 225‑ 245. Consulté à l’adresse http://www.jstor.org/stable/20528657