Mars 2020
Il est peu de dire que la vallée du Derbous est isolée. C’est un lieu paisible hormis pendant les périodes de vacances qui attirent nombre de touristes. l n’y a pas de grande agglomération proche, la densité de population est faible. Cependant, cette qualité de vie exceptionnelle se mérite notamment par l’obligation pratique de prendre la voiture pour aller faire des courses ou aller consulter un médecin.
L’urgence sanitaire ordonnant le confinement des populations a eu des effets différents de ce qu’ils peuvent être en ville où les familles ont peu d’espace.
D’un côté, c’est le bon côté si l’on peut dire, il est facile de sortir de sa maison sans enfreindre les règlements, de flâner (ou plus souvent de travailler) pour entretenir le terrain et cela est bon pour réguler la tension artérielle, faire baisser le stress. Par ailleurs, au moins jusqu’à l’arrivée récente de personnes fuyant les grandes villes, il n’y avait pas du tout de virus (du moins en apparence, car on ne peut jamais être certains).
Mais il y a aussi une face sombre. Pour faire ses courses on est bien obligés d’aller à Buis les Baronnies, où fonctionnent deux supermarchés, où se tient un marché deux fois par semaine et où on peut acheter du carburant. Les autres magasins, sauf bien sûr la pharmacie et le tabac-presse sont fermés.
Là comme ailleurs, l’approvisionnement dépend de la continuité. Durant quelques jours, certains produits ont disparu assez vite des rayons comme la farine, le lait ou les pâtes…
Il y a pire : que faire si on tombe malade ? C’est déjà assez galère quand les conditions sanitaires sont sans histoire. Mais maintenant ? Le premier hôpital est bien à une trentaine de kilomètres, voire davantage s’il y a besoin d’un plateau technique très spécialisé.
L’inquiétude est donc du même ordre dans la vallée qu’ailleurs ; on suit les informations à la radio et à la télévision, on prend des nouvelles des enfants et des parents qui habitent en ville. Si Internet fonctionne, on regarde ce qui s’échange sur les réseaux et on y participe.
Là comme ailleurs, l’étranger est parfois regardé de travers ; ce n’est pas propre au coronavirus, d’ailleurs, mais il est certain que la situation sanitaire a des effets négatifs.
La crise du coronavirus est venue après un hiver particulièrement pluvieux : le Derbous n’a pas manqué d’eau ; il a même débordé de son cours habituel et généré des dégâts sur les rives. Ces dégâts, sans rapport avec la pandémie, ont quand même déstabilisé une population vieillissante.
En somme, ce n’est sans doute pas pire qu’ailleurs, mais rien de réjouissant. Maintenant, évidemment, il reste à espérer…